Message aux investis ( réponse à monsieur Jean D’ormesson)

Publié le 14 Mai 2013

Message aux indécis...par Jean d'Ormesson

La victoire de François Hollande est à peu près acquise, et elle risque d'être éclatante.

Le moment est idéal pour se déclarer sarkozyste.

La question n'est pas de savoir qui l'emportera en mai 2012.

On a longtemps été convaincu dur comme fer que ce serait M. Strauss-Kahn.

On a pu croire que ce serait Mme Aubry.

On a même pu imaginer que, par un coup du sort, ce serait Mme Le Pen.

Il n'est pas tout à fait exclu que M. Bayrou, M. Mélenchon, M. Montebourg se soient monté le bourrichon jusqu'à se persuader de leur chance de l'emporter.

Tout sauf Sarkozy.

N'importe qui sauf Sarkozy.

Ce sera M. Hollande.

François Hollande est un parfait honnête homme. Il est intelligent, charmant, cultivé, et même spirituel.

Il y a chez cet homme-là un mélange de doux rêveur et de professeur Nimbus égaré dans la politique qui le rend sympathique.

Il est mondialement connu en Corrèze.

Ce n'est pas lui qui irait courir les établissements de luxe sur les Champs-Élysées, ni les suites des grands hôtels à New York ou à Lille, ni les yachts des milliardaires.

Il ferait, je le dis sans affectation et sans crainte, un excellent président de la IVe République. Ou plutôt de la IIIe.

Par temps calme et sans nuages. Il n'est jamais trop bas. Mais pas non plus trop haut.

C'est une espèce d'entre-deux: un pis-aller historique.

Ce n'est pas Mitterrand: ce serait plutôt Guy Mollet. Ce n'est pas Jaurès ni Léon Blum: c'est Albert Lebrun. Ce n'est pas Clemenceau: c'est Deschanel.

Il parle un joli français. Et sa syntaxe est impeccable. On pourrait peut-être l'élire à l'Académie française. Ce serait très bien. Mais en aucun cas à la tête de la Ve République, par gros temps et avis de tempête.

C'est vrai: Sarkozy en a trop fait. Hollande, c'est l'inverse. Car n'avoir rien fait est un immense avantage, mais il ne faut pas en abuser. Il n'est pas exclu, il est même possible ou plus que possible, que M. Hollande soit élu en mai prochain président de la République.

C'est qu'à eux deux, M. Hollande et le PS, qui sont assez loin d'être d'accord entre eux -je ne parle même pas de M. Mélenchon ni de Mme Joly dont ils ont absolument besoin pour gagner et dont les idées sont radicalement opposées à celles de M. Hollande-, ont des arguments de poids : la retraite à 60 ans (quand la durée de vie ne cesse de s'allonger), 60.000 nouveaux fonctionnaires (quand il s'agit surtout de réduire les dépenses publiques), 30% de baisse sur les traitements du président et des ministres (même M. Jean-Marie Le Pen, de glorieuse mémoire, n'a jamais osé aller aussi loin dans le populisme et la démagogie).

Avec des atouts comme ceux-là, on a de bonnes chances de gagner.

Aussi n'est-ce pas dans la perspective de l'élection de 2012 que je me situe.

C'est avec le souci du jugement de l'histoire. M. Sarkozy, autant le reconnaitre, a fait pas mal d'erreurs.

À voir comment se présente la campagne d'un Parti socialiste qui semble n'avoir pas appris grand-chose des leçons de son temps, ce sera bien pire avec lui qu'avec M. Sarkozy. Les déclarations d'intention ne valent rien.

Il faut des exemples vivants.

M. Zapatero, en Espagne, est un homme plus qu'estimable. Il est socialiste. Le chômage en Espagne est plus du double du nôtre.

M. Papandréou en Grèce est socialiste. Est-ce le sort de la Grèce que nous souhaitons pour la France?

M. Sarkozy a été plus attaqué, plus vilipendé, plus trainé dans la boue qu'aucun dirigeant depuis de longues années.

Il a pourtant maintenu le pays hors de l'eau au cours d'une des pires crises que nous ayons jamais connues.

Il n'est même pas impossible que Mme Merkel et lui aient sauvé l'Europe et l'euro.

Pour affronter le jugement de l'histoire, je choisis le camp, à peu près cohérent, Sarkozy-Fillon-Juppé contre le camp, incohérent jusqu'à l'absurde, Hollande (Hollande président ? On croit rêver, disait Fabius) -Aubry-Joly-Mélenchon.

Bonaparte Premier consul prétendait que le seul crime en politique consistait à avoir des ambitions plus hautes que ses capacités.

Je suis sûr que François Hollande lui-même a des cauchemars la nuit à l'idée d'être appelé demain à diriger le pays avec le concours des amis de toutes sortes et étrangement bariolés que lui a réservés le destin.

Je veux bien croire -je n'en suis pas si sûr que pour 2012 les dés sont déjà jetés, que les handicaps du président sortant sont bien lourds pour être surmontés, que le retard est trop rude pour être rattrapé.

J'imagine très bien l'explosion d'enthousiasme sur la place de la Bastille ce soir de mai 2012 où l'élection de M. François Hollande à la magistrature suprême sera enfin annoncée.

Je me demande seulement dans quel état sera la France en 2014 ou en 2015.

Jean d'Ormesson

Message aux investis ( réponse à monsieur Jean D’ormesson)

Monsieur, je regrette tout d’abord de n’avoir point votre plume. Vous qui êtes reconnu par vos pairs, je ne suis qu’un inconnu parmi la foule. Vous faites partie de ces gens sur qui les hommes de pouvoir peuvent compter pour appuyer leurs idées dans les cerveaux. L’homme de la rue, même s’il ne vous a jamais lu, s’imagine qu’à la lumière de votre rang dans la société il peut sans appréhension vous confier son jugement. Vous déléguer sa part de réflexion sur les véritables enjeux que ces élections représentent. Ainsi, tel le grand intellectuel que vous êtes, en grand seigneur, vous déclarez ainsi être bon joueur face à la probable victoire du PS. Je pourrais être enclin à vous imaginer humble et réaliste.

Mais ce n’est pas le cas, laissez-moi vous dire pourquoi.

Tout d’abord vous ne pouvez vous empêcher de railler le candidat de la gauche. Il serait un homme du passé sans envergure. Certes. Mais laissez-moi vous rappeler le passé. Le passé est riche d’enseignement. Condamner un peuple à ne pas avoir de passé, c’est le condamner à l’aveuglement.

En 1931 est élu à la tête de ce pays, Paul Doumer. 1931 ? Oui. Deux ans après la plus grosse crise qu’ait connue le monde. La crise que nous venons de connaitre est sans commune mesure. J’en veux pour preuve les vagues de suicide qui eurent lieu, ainsi que les longues files d’attente pour quémander de la nourriture. Notre situation est bien différente. Paul Doumer était un homme honnête et droit, venant d’une famille pauvre. Il a gravi tous les échelons pour parvenir à la fonction de chef de l’état. Malgré ce parcours, ce n’était pas un homme de pouvoir, et on peut se plaire à imaginer ses détracteurs de l’époque ne lui prêtant que peu de charisme. L’histoire se répète inlassablement. Hélas. En 1932 il déclare publiquement sa volonté de limiter le pouvoir de sa propre fonction. N’est-on pas là au comble de l’humilité ? La vraie, pas celle de posture. Paul Doumer, malgré son désaccord avec la loge du Grand Orient suite à l’affaire Dreyfus a accepté de réintégrer la Franc-maçonnerie. Condition sine qua non ? Je laisse chacun méditer là-dessus.

Paul Doumer sait qu’il va mourir. Il n’est pas surpris lorsque Paul Gorgulov lui tire dessus. Deux jours plus tôt ce dernier a quitté la principauté de Monaco avec un permis de circulation en règle alors qu’il est sous le coup d’un arrêté d’expulsion du territoire français. La justice a rendu son verdict : Gorgulov est un dangereux extrémiste politique ayant agi seul. Soupir… Il est rapidement exécuté.

Paul Doumer a donc été assassiné car il était intègre et humble, au moment où la crise ravageait la France.

Il semblerait donc que ceux qui n’ont pas les dents les plus longues soient ceux qui gênent le plus.

Mais François Hollande n’est pas Paul Doumer.

Accepter la défaite du camp d’en face n’est qu’une manipulation. Il n’y a pas de camp d’en face.

Non, je ne suis pas pour les extrêmes. Entre populisme et talent d’orateur, mon cœur ne balance pas. Le parti écolo a lui aussi démontré qu’il savait se formater à la sauce politicienne.

J’ai toujours appris à me méfier de ceux qui voulaient le pouvoir à tout prix. Suis-je un original ?

Vous faites partie de cette élite de gens bien-pensants qui nous ramène invariablement à notre chère Vème république. Depuis 2007, je ne fais qu’entendre de longues complaintes à l’égard de Monsieur Sarkozy. Mais qu’on ne se méprenne pas, Sarkozy n’est pas une punition pour la France. Cette France arrogante, méprisante jusqu’à ses voisins immédiats, se croit le centre du monde. Donneuse de leçons aux donneurs de leçons. Individualiste jusqu’au bout des ongles, fier de lui, fier d’une multi culturalité qu’il ne comprend pas, le français a enfin accédé au délice suprême : un président en totale harmonie avec ce qu’il est. Même ses plus féroces détracteurs n’y sont pas tant étrangers en philosophie. Il y a les pros et les antis. Deux camps bien opposés.

Mais le point de vue est le même.

Un scénario qui a des relents d’affrontement des deux blocs.

Ôtez-donc la télévision et les journalistes de nos vies. Ce poison lent et insidieux qui ronge nos esprits. Les français ne sont pas à ce point manichéens. Je me refuse à le croire.

L’ignorance dans laquelle le peuple français est maintenu ne peut plus durer.

Cette chère Vème république est morte le 21 Avril 2002. Nous y avons tous assisté en direct. Depuis 10 ans, ce n’est qu’une lente agonie. Le cadavre se décompose.

Cette élection n’a plus aucune légitimité, elle ne représente rien, ni personne.

Ce système dont Nicolas Sarkozy est le pur produit est obsolète, condamné à disparaitre.

Sortez de derrière vos bureaux cossus. Venez parler avec les femmes et les hommes de la rue. Ils ne sont plus prêts à avaler les couleuvres que le Général de Gaulle leur jetait dédaigneusement.

Ce temps est révolu. Les français ont soif de Vérité.

Cette élection sera la dernière de ce type.

L’histoire est en marche, le futur se construit maintenant.

Vous pouvez décider de vous joindre à nous où de vous cramponner dans votre vieux monde délabré peuplé de gens à l’égo surdimensionné.

Oui, je ne suis qu’un anonyme, et c’est ça qui fait ma force.

Car demain, un autre que moi prendra la parole et tiendra le même discours.

Nous sommes le futur, nous sommes les 99%.

Rédigé par Stephan Pain

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