Etre un exemple, le libre arbitre

Publié le 14 Novembre 2012

Etre un exemple, le libre arbitre

Que les choses soient claires, je ne me pose pas en exemple à suivre. Je ne le veux pas, et tel n’est pas mon rôle. Le poids inhérent à se déclarer en tant qu’exemple à suivre pour la population me parait insupportable, limite aliénant. Ma vie a été ce qu’elle a été. Vous pouvez fouiller dedans, vous y trouverez des choses pas forcément reluisantes dont je ne suis pas fier. Je n’ai pas d’autre choix que d’assumer mon passé. Je fais de mon mieux pour continuer le travail de transformation amorcé cette année. Le temps est mon allié. Je regrette énormément que des personnes refusant mes idées s’attaquent à ma personne, en réalité elles ne font que me renforcer et se nuir. J’ai pris conscience du poids énorme sur mes épaules et j’ai parfois l’impression d’être jugé en permanence, je vous assure que c’est déjà bien suffisant. Il faut vivre avant tout, et mon comportement peut paraitre déroutant pour certains croyants. Je serai toujours à la disposition pour répondre aux questions dans la limite de mon temps disponible et à la condition d’avoir réellement lu et non pas de le prétendre. Je me répète peut-être, mais apparemment le message a du mal à être reçu. Je ne suis donc pas un guide spirituel dans le sens où je donnerai des consignes de vie. Ma tâche est essentiellement de détricoter l’histoire pour la remettre à l’endroit. Je m’appuie sur le travail des autres. Travail que je ne m’approprie pas mais puisque la plupart d’entre vous n’ont pas le temps matériel à consacrer à acquérir toutes ces connaissances, je me dois de les synthétiser, les rendre accessible, et les articuler avec l’ensemble.

Le prophète Muhammad a vécu a une époque récente, et il fut entouré par énormément de monde. Sa vie a donc été décortiquée entièrement au travers des hadiths.
Les musulmans font souvent le reproche aux chrétiens d’avoir divinisé Jésus. Ce ne sont que des mots. Le comportement d’une bonne partie des musulmans en calquant leurs vies sur la sienne, s’apparente en réalité à une divinisation.
Je ne remets pas en cause la personne de Muhammad, il s’est accompli de sa mission avec grandeur et Allah en a fait son préféré. Mais il ne faut jamais perdre de vue que ce n’était qu’un homme, un homme d’une autre époque et d’un espace délimité.
Mon rôle a été de comprendre ce que signifiait le Khalifa qui a débuté cette année, de le déclarer au monde. Ce Khalifa est synonyme de libre arbitre. Mais attention, il ne s’agit pas là d’un libre arbitre à l’échelle individuelle. Il ne nous appartient pas à chacun de définir la religion selon notre point de vue. Cela n’est pas encore à notre portée, nous ne sommes pas assez murs.
Bien entendu, Allah, dans sa miséricorde accepte que nous ne nous imposions pas des contraintes que nous ne pouvons suivre. Il est évident que des pratiques alimentaires inscrites en nous depuis notre plus jeune age ne peuvent être supprimées du jour au lendemain. C’est totalement artificiel.
Je vais faire une parenthèse sur la question du porc. Il me parait que ce sont des questions d’hygiène évidente liées à la conservation et à la cuisson de la viande de porc qui ont contribué à prononcer le bannissement du porc de l’alimentation de nos ancêtres. Si des progrès évidents ont été réalisé dans le domaine, d’autre problèmes liés à l’élevage sont apparus. La grippe porcine est un exemple. La pollution des sols en Normandie en est un autre. Il semblerait que notre consommation effrénée de viande amène certains d’entre nous à prendre des risques inconsidérés avec notre santé. Ce n’est pas une grande preuve de maturité. Imaginez les dégâts sanitaires potentiels, si le porc, qui est une viande bon marché, avait été autorisée dans les pays musulmans.
Sur le sujet de l’alcool, le problème est bien plus simple à comprendre. Il n ‘y a qu’à considérer les ravages du à sa consommation. L’alcoolisme est un phénomène important dans la population, et est bien souvent ignoré. Des campagnes de sensibilisation ont été menées. Si une personne ne sait pas gérer sa consommation d’alcool, il faut qu’elle accepte de le bannir de sa vie. N’importe quel ancien alcoolique témoignera. Ce qu’il faut comprendre, c’est qu’il n’y a pas de choix. C’est le corps qui décide. Après chacun est libre de ses choix, mais on ne doit jamais perdre de vue que lorsque l’on se met dans des états de perte de contrôle, on fait courir aux autres personnes des risques et assumer sa responsabilité à sa place. Si il y a un accord entre plusieurs personnes pour la prise en charge en état d’alcoolémie de quelqu’un qui veut faire la fête jusqu’au bout, soit, mais bien souvent il faut reconnaître que les accompagnants sont mis devant le fait accompli et pris en otage.
J’ai moi-même participé aux fêtes de Bayonne, deux nuits de suite. J’ai fait un coma éthylique. Ce que j’ai vu là-bas m’a au final consterné. Les ambulances se frayent un passage parmi la foule toutes les 3 minutes. Certaines ambulances viennent d’une distance de 500 km. Une expérience à vivre surement une fois dans sa vie, mais de là à en faire une habitude...

La religion ne se limite pas aux habitudes alimentaires, loin de là. Bien souvent, cela constitue le seul critère de reconnaissance et d'adhésion, hélas.
L’ensemble des règles qui régissent la vie spirituelle se doivent d'être en harmonie avec celles qui régissent le code civil. Celles qui sont en désaccord doivent être écartées.
Nous touchons là, à l’enjeu essentiel du Khalifa. Il s’agit de mettre en place un système de réflexion en commun autour des règles qui régissent la société. La base des règles s’appelle une constitution.
Jusqu’à présent la rédaction de la constitution était réservé à un groupe de personnes plus ou moins représentatives de la population. Etienne Chouard nous a montré les limites évidentes de ce mode d’élaboration. Si nous voulons construire notre futur, c’est bien au peuple à rédiger la nouvelle constitution. Nous entrerions de plein pied et de manière définitive dans la démocratie réelle, à savoir le pouvoir par le peuple.
Les règles alimentaires et de la vie quotidienne sont importantes, mais peuvent être décidées sereinement. L’expérience de chacun y pourvoira.
Ce qui parait essentiel, ce sont plutôt les règles de la vie économique qui sont en opposition totale avec les ordres divins: à savoir l’usure.
N’étant pas un spécialiste en matière d’économie, je ne vais pas décortiquer le sujet. Mais il apparait clairement que la source de tous les maux de ce monde est liée aux activités bancaires et à la spéculation.
Devons nous les supprimer totalement et être en accord avec les commandements divins?
Le sujet que nous touchons là, me parait être le coeur réel du message de l’Islam. Bien loin des considérations de la vie quotidienne, ce sont les règles qui régissent l’activité économique qui sont essentielles pour l’avenir de l’humanité. Il me semble que la majeure partie des 99% sera d’accord sur ce point.
Allons nous mettre les banquiers et les traders au chômage? Je vous avoue honnêtement que si c’est dans l’interêt du peuple et conséquent à une décision du peuple, je ne trouverai rien à y opposer et je s’en serai même ravi. L’argent ne va pas disparaitre pour autant, et nous avons tout de même besoin de gens pour le gérer. Un cadre législatif rigoureux permettra d’encadrer toute tentative de dérive.

En résumé, le khalifa signifie un libre arbitre global de l’humanité vis à vis de son créateur, avec une modulation sur des aspects de la vie courante. Le peuple doit établir par lui-même, selon un principe à définir, une nouvelle constitution sur laquelle s’établira la Loi (Sharia).

Tout ceci demandera le travail de plusieurs générations. Fournir les outils culturels et spirituels à nos enfants est la tâche de cette génération.

Rédigé par Stephan Pain

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